_Visite privée : La résidence royale Eleanor Roosevelt

  • Durant le mois de décembre 1947, quelque chose se prépare — quelque chose de capital — derrière la porte de la suite 101-102. La Maison a l’honneur d’y accueillir Ms. Eleanor Roosevelt qui, à cette époque, occupe la présidence de la Commission des droits de l’Homme des Nations Unies. Remarquable diplomate, militante engagée pour les droits des femmes et pour les droits civiques aux États-Unis, c’est elle qui, la première, donne au titre de Première dame un rôle éminemment politique. Nous vous ouvrons les portes d’une suite où l’Histoire s’est écrite, une suite liée au destin de cette femme extraordinaire et qui, aujourd’hui encore, n’a pas livré tous ses secrets.

  • Eleanor Roosevelt

    Eleanor Roosevelt

  • «Les grands esprits discutent des idées»

    1945. La guerre est terminée. Les Nations Unies engagent les négociations; il y a un monde à reconstruire. L’année suivante, Eleanor Roosevelt, veuve du président américain Franklin D. Roosevelt, prend la tête de la Commission des droits de l’Homme. Celle-ci a pour mission de rédiger ce qui deviendra la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Deux années de travail attendent les dix membres de la Commission. L’enjeu est de taille : il s’agit d’établir un texte qui saura énoncer les droits fondamentaux de l’individu, leur reconnaissance, et leur respect aux yeux de la loi.

    Du 1er au 19 décembre 1947, Eleanor Roosevelt se rend à Genève alors qu’elle s’affaire à la rédaction du document. La Présidente de la Commission jette son dévolu sur l’hôtel Beau-Rivage pour l’accueillir; elle a besoin d’un environnement calme pour mener à bien la tâche qui l’incombe. On sait donc qu’un pan de l’histoire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme a vu le jour ici même, dans la confidence et la quiétude de la suite.

    Pour marquer d’une pierre blanche cet acte fondateur du monde moderne, la suite — qui deviendra la suite Royale, la plus prestigieuse de toute la Maison — porte désormais le nom d’Eleanor Roosevelt, ainsi que le souvenir immortel de sa visite au Beau-Rivage

  • Le luxe et l’âme, héritages inestimables

    Dès nos premiers pas dans le vestibule vert de la Résidence Royale Eleanor Roosevelt, on peut déjà entrevoir la somptuosité qui habille chaque recoin de la suite. 

    Notre regard se porte d’abord sur la pièce de droite; nous entrons. Un magnifique salon se déploie sous le signe du raffinement à l’ancienne : belle hauteur sous plafond, cheminée en marbre, tapis persans, méridienne et fauteuils satinés, console style rocaille, lustre en cristal et moulures à foison, etc. Sur les étagères de la bibliothèque cependant, des œuvres de Jeff Koons côtoient les livres anciens et les statuettes d’un autre temps. Logé sous une rotonde baignée de lumière, un second salon vient prolonger la pièce. On est tout de suite saisi par la vue panoramique qui s’offre à nous : le lac Léman, comme un miroir, scintille au soleil et reflète les rives des Eaux-Vives, la montagne et le ciel. D’ici, impossible de manquer le jet d’eau qui, de jour comme de nuit, souligne d’un trait vertical toute la poésie de Genève. 

    Avec des étoiles plein les yeux, nous voilà de retour dans le premier salon où une porte nous conduit dans une charmante salle à manger. On imagine aisément huit convives attablés autour d’un délicieux dîner, savourant le plaisir de se retrouver, profitant de la convivialité qu’inspire ce lieu. D’une pièce à l’autre, on croirait traverser les époques : le mobilier, les miroirs, les tableaux, les rideaux — tout semble évoquer le faste dont l’hôtel a hérité.

  • Nous regagnons le vestibule et nous nous enfilons dans le couloir. Il dessert tour à tour une pièce d’eau tout de marbre, une petite kitchenette, ainsi qu’un bureau où tapisseries, boiseries et dorures donnent le ton, nimbé dans la clarté du jour. C’est dans cette pièce sans doute qu’Eleanore Roosevelt a trouvé le calme et l’inspiration nécessaire pour se consacrer à ses travaux. 

    Au bout du couloir, une chambre au cachet indéniable nous attend. Là encore, l’héritage ancien du Beau-Rivage déploie tous ses charmes, contrasté çà et là par des touches modernes bienvenues. De beaux volumes viennent révéler la chaleur et l’intimité des lieux. Pièce maîtresse de la chambre, le lit king size surmonté d’un ravissant dais fleuri se présente comme une invitation à la quiétude et au repos. Dans ce havre de sérénité, pas d’extravagance : chaque élément est minutieusement placé et traduit l’idée d’un luxe sans excès, simplement élégant

  • La salle de bain adjacente à la chambre vient marquer un point final à notre visite. Habillée de marbre gris, noir et blanc, elle est la parfaite conjugaison du charme d’antan et du confort tel qu’on le conçoit aujourd’hui. Ouverte sur les toits de Genève, cette salle de bain, avec dressing attenant, est baignée de lumière naturelle et abrite une superbe baignoire-jacuzzi, ainsi que deux cabines de douche-hammam. On passerait des heures dans l’intimité de cette somptueuse salle d’eau : elle ouvre une parenthèse, nous convie à prendre un instant pour soi où rien n’est plus important que de se délasser. 
    Parcourir les 250 m2 de la Résidence Royale Eleanor Rooselvelt, c’est remonter le temps et croiser les époques, sur les traces de l’Histoire qui s’est écrite entre ces murs. L’hôtel Beau-Rivage a su faire la part belle au mobilier ancien et aux matières nobles qui façonnent son héritage. Plus qu’une somptueuse suite, la Résidence Royale distille à elle seule l’essence même de la Maison : ici, sans contradiction ni fausse note, le confort se mêle au sublime.

  • Par Eduardo Costerg

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